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Affiche du film Une nouvelle amie |
Du roman de Ruth
Rendell dont ce film est une très libre adaptation, Une nouvelle amie de François Ozon a
repris surtout le titre. Tout comme Jeune et jolie, celui de son
précédent film, il évoque fraîcheur et innocence. Mais derrière cette façade
faussement naïve et simpliste se cache une œuvre d'une grande complexité et
d'une extrême finesse, particulièrement surprenante dans son traitement du
motif de deuil.
Pour
s’amuser des clichés
D’après Claire Micallef du
Nouvel Obs, il s’agit d’un « pied-de-nez aux opposants au mariage pour tous ».
En effet, le film est réjouissant par son côté ludique et malicieux. Loin de
combattre les clichés de façon frontale, Ozon, en véritable maître de la
provoc’, s’amuse à jouer avec eux. Bien sûr, il s’agit en premier lieu des
clichés concernant le genre (gender) : l’homme qui porte des vêtements
de sa femme est forcément malade / gay / va à une« soirée déguisée », etc.
Après tout, confondre les genres n'est-il pas le meilleur moyen de contourner
les stéréotypes? Voici une bonne raison de réserver le même traitement aux
genres cinématographiques, que le réalisateur égrène avec autant d'espièglerie
que de générosité. Le film commence comme un mélodrame, passe d'une élégie
automnale au vaudeville et au « thriller sentimental », vire ensuite au conte
pour finir dans une utopie sociale, très loin du polar de Ruth Rendell. Enfin,
l’onirisme de certaines images marque l’intrusion du registre fantastique
(autant que fantasmatique). Il est là pour célébrer l’ambigüité, la
métamorphose, le règne de l’illusion, la chance donnée aux désirs non
avouables, bref, une tentative désespérée de travestir la réalité en dépassant
la nature au profit du surnaturel. Simplement, au lieu d’explorer les
phénomènes exceptionnels et spectaculaires, le réalisateur s’intéresse à la
part cachée de l’homme, cet étrange qui est à notre portée.
Pour réfléchir sur le sens des mots
«
Tu es un pervers », lance Claire (Anaïs Demoustier) à David (Romain Duris) au
début du film. Une allusion au discours social moralisateur et abusant des
émotions qui, depuis un certain temps, utilise les notions de pervers et de
perversité de façon particulièrement stigmatisant. Mais qu’est-ce qu’une
perversion ? Un comportement déviant, pathologique, amoral, vicieux, tordu, les
agissements de délinquant sexuel et de manipulateur ? Un pervers, est-ce celui
qui se travestit en femme tout en aimant les femmes, celui qui veut jouer un
double rôle auprès de son enfant, celui qui habille et maquille lui-même sa
femme sur son lit de mort au lieu de confier cette tâche aux professionnels?
Entre la dissimulation et la révélation, le spectateur se voit confronté aux
questions sur le rapport entre la tolérance, l’acceptation, l’amitié, le secret
et la confiance. Le parcours initiatique et émancipateur que fait l’héroïne du
film est sans doute un moyen d’y trouver quelques réponses.
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