Eve's Provoclub

Défi n° 3 : relooker les Ampelfrauen



En Allemagne, comme en France, les pictogrammes utilisés pour indiquer aux piétons de traverser représentent des hommes. Mais depuis une dizaine d’années, les féministes se battent pour imposer l’utilisation de pictogrammes féminins.

Les Ampelmännchen (mot allemand signifiant « petits bonshommes du feu [de signalisation] ») sont les personnages symboliques se trouvant sur les feux de signalisation lumineux destinés aux piétons en ex Allemagne de l'Est.

Ils ont été créés en 1961 par Karl Peglau, le pédagogue de la sécurité routière, et représentent un petit homme avec un chapeau, jugé comme étant visible et compréhensible par l’ensemble de la population.

 A la réunification de l’Allemagne en 1989, suite à la chute du mur de Berlin, ce pictogramme est alors largement délaissé en faveur de celui qui existait auparavant en Allemagne de l’Ouest, pour des raisons d’homogénéité. Mais la nostalgie des anciens "Ossis" l’a fait ressortir de l’oubli, et aujourd’hui, chaque commune peut librement choisir entre les deux pictogrammes existants.

Inventé en 1996 par le graphiste Hans-Jürgen Ellenberger, leur pendant féminin, les Ampelfrauen (femmes de feu de signalisation), est apparu en 2004 à Zwickau. On peut à présent les voir aussi à Dresde et dans autres pays de l'Union européenne comme les Pays-Bas, le Danemark ainsi que l'Autriche.

Dortmund est la ville allemande la plus impliquée dans le concept : elle a promis d’équiper à terme la commune de 50 % de pictogrammes piétons féminins. Une mesure qui ne coûtera pourtant pas d’argent puisque celles-ci seront installées uniquement en cas de réparation ou de mise en place de nouvelles installations.

L'idée est très pertinente, mais reste dans le cliché de la petite fille en robe avec des tresses, signes distinctifs d’une autre époque. Certaines voix s’élèvent déjà contre la manière dont est représentée la femme sur les feux. Le SPD a d’ailleurs demandé à ce que la mise en place des feux-femmes soit accompagnée d’un débat sur la représentation de celle-ci afin d’éviter les stéréotypes. Une nouvelle Ampelfrau verra-t-elle le jour et si oui, quels seront les attributs de sa féminité ?

    




Défi n° 2 : développer la presse ségrégationniste

Présentation


Pour ses traditionnels vœux à la presse, Manuel Valls a évoqué « un apartheid territorial, social, ethnique qui s’est imposé à notre pays ». 

Un mot employé à dessein en toute connaissance de cause et qui n’a pas manqué de provoquer un tollé de la droite. Car tout comme Nicolas Sarkozy, Manuel Valls aime bien la provocation qui va rarement de pair avec la juste mesure – tout simplement parce que son but est de susciter une réaction.

Hélas, dans son discours, le premier ministre a oublié l’apartheid sexuel pratiqué, entre autres, dans l’éducation, avec les jouets sexués, mais aussi dans le sport et les médias, sans parler de la religion.

 La situation des médias a notamment été dénoncée par Mona Chollet, dans son livre Beauté fatale (Zones Editions, 2012), mais aussi par le magazine Causette et sur les sites comme ÔFémininPointConne. Car cultiver la presse dite féminine veut dire non seulement réserver aux femmes tout un ensemble de thèmes pour la plupart futiles, mais aussi les exclure des autres domaines traditionnellement considérés comme masculins : la politique, les finances, la course hippique, le sport, la chasse, le vin… Cette ségrégation se voit très bien à l’exemple du Figaro magazine devenu un complément 100% masculin au Figaro Madame. Essayez de trouver un article signé par une femme dans ce que j’appelle désormais Figaro Monsieur et qui est un pendant imprimé d’un fumoir à l’ancien privatisé par Eric Zemmour. Il a fallu à la France un attentat terroriste pour retrouver - provisoirement ! – la neutralité sexuelle des couvertures. Que voulez-vous, telles sont les lois du marché voué à la segmentation...

Brainstorming 


Alors pourquoi ne pas aller encore plus loin en inventant un journal quotidien réservé aux hommes et son pendant féminin ? Imaginez les deux titres : avec des prénoms, pronoms personnels, Monsieur et Madame ? Imaginez les deux couvertures : la situation en Syrie vs Fashion week ? Le foot vs les nouveautés de la chick lit ? Imaginez les pubs, les horoscopes, les mots croisés spécialisés, les programmes télé adaptés à chaque cible. Certes, il faudrait installer de bons filtres de traitement d’actualité, penser aux curateurs de contenu nouvelle génération... mais la presse française 2015 est déjà sur la bonne voie.



Défi n° 1 : worst-of, le concours de demain



Présentation 


On connaissait les Gérard du cinéma et de la télévision. Il y a quelques semaines, on a appris l’existence de Bad Sex in Fiction Award.

Les palmarès décalés on le vent en poupe en ce moment. Le n° 73 du magazine Stylist passe en revue les sites de critique créés pour choisir « le pire hôtel au monde », « le plus mauvais livre » ou « le resto le plus dégueulasse ». Les établissements parisiens les plus mal notés ont notamment été référencés par les sites pariszigzag.fr  et parisachier.wordpress.com, un blog ayant pour vocation de présenter « différents lieux de vie dans Paris tels qu'ils sont réellement : surestimés et merdiques ».


L’association Osez le féminisme et le magazine Causette choisissent régulièrement les machos dignes d’une mention spéciale, tandis que Claire Barsacq distribue les Pigeons d'or sur France 4 (On n'est plus des pigeons). Les Allemands, quant à eux, votent depuis 25 ans pour le pire mot de l’année (Unwort de Jahres) : le gagnant 2013 était d’ailleurs « le tourisme social », une expression qui désigne l’immigration indésirable. Même TF1 s’y met, avec Arthur convoquant des stars et des anonymes pour « le Meilleur du pire de 2014 ».


En plus d’être drôles ou corrosifs,  informels et participatifs, ces classements permettent bien souvent d’épingler les clichés ou même (rêvons un peu !) d’améliorer la qualité de certaines prestations. Pourquoi ne pas en imaginer d’autres, vu que le champ des possibles est désormais infini ? Pour ma part, je serais prête à parrainer « La station métro la plus dégoûtante » et « La pub la plus casse-pieds ».


Brainstorming 

Et vous, quels concours de demain aimeriez-vous inventer ?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire