mercredi 30 décembre 2015

"Mon hiver à Paris", l'art de résister à la française




Le Comité Régional du Tourisme (CRT) Paris Ile-de-France met en place un dispositif de communication autour du guide « Mon Hiver à Paris » destiné à relancer le tourisme français et international. La nouvelle version disponible depuis le 14 décembre, fait référence aux attentats de Paris, avec une photo de la tour Eiffel tricolore et affichant la devise de la ville : « Fluctuat nec mergitur ».

Conséquence directe des attaques, les professionnels du tourisme franciliens ont accusé, d'après le journal Direct Matin, une réduction de leur activité de 24% au mois de novembre. Les établissements du secteur (hôtels, restaurants) ont également vu leur fréquentation baisser de 27%. Les Italiens, les Japonais et les Brésiliens sont ceux qui boudent le plus la région depuis les attentats.

Dans ses 66 pages, ce guide touristique édité deux fois par an en anglais et en français, présente l’art de vivre à la française, avec une multitude d'adresses et d'informations pratiques. Pour faire découvrir aux touristes Paris et sa région, il propose une série d’activités classées par thèmes :

- Shopping, avec un tour d’horizon des créateurs symboles de la French Touch comme IRO A.P.C., Maje… et un nouveau venu Sézane. Une double page « Shopping green » fait découvrir le meilleur du shopping éthique, chic et responsable, de l’habillement à la décoration. 

- Gastronomie, des balades gourmandes aux délices sucrés dont la notoriété a fait le tour du monde : l’Opéra, le St Honoré, l’Eclair, des marchés traditionnels aux épiceries fines, la gourmandise et la convivialité sont au rendez-vous.

- Féérie, Paris ville lumière déploie sa magie le temps de l’hiver avec les animations de Noël, les cirques, les spectacles pour les grands et les petits.

Le guides propose également 7 idées pour voir « Paris et sa Région en couleurs », parcours de sorties organisés par « profils » ou par « envies », reflétant les tendances et les activités de cette période : arty / en famille / fashionista / noctambule / gourmand / amoureux. Une nouveauté cette année : un parcours « green » (shopping, culture, applis) en écho à la COP 21.

De nombreuses villes franciliennes sont citées, comme Enghien-les-Bains (95), qui accueille actuellement un village d’hiver avec patinoire et piste de luge, Fontainebleau (77) pour son château ou encore Le Bourget (93) pour son musée de l’Air et de l’Espace.

Tiré à plus de 200 000 exemplaires, le guide papier est diffusé en France sur les 12 Points Information Tourisme du CRT (Aéroports Paris CDG et Paris Orly, Versailles, Disneyland Paris et Galeries Lafayette), dans les Offices de Tourisme et via le réseau hôtelier.

mardi 22 décembre 2015

Bientôt "Mein Kampf" en cadeau de Noël ?


 
 
Une vision extrêmement dérangeante: le syndicat allemand des enseignants veut inclure Mein Kampf d’Adolf Hitler dans le programme scolaire.

 

Pendant 70 ans, ce  « texte fondateur » détaillant les bases idéologiques de l’idéologie nazie a été interdit à la vente en Allemagne. Fin 2015  il doit tomber dans le domaine public, ce qui ouvrirait la voie à une réédition. Celle-ci comprendrait le texte original sur les pages de droite et des commentaires sur la page de gauche. Cette version annotée sera la seule autorisée sur le territoire allemand, alors que les ouvrages non commentés resteront interdits à la vente.

 

"Une lecture de certains passages dans la salle de classe, bien encadrée par les enseignants, peut être une contribution importante à l’immunisation des adolescents contre l'extrémisme politique" affirme Josef Kraus, le président le syndicat allemand des enseignants interrogé par le journal Handelsblatt. "Car ce qui est interdit dans les écoles - nous le savons grâce aux indices du Département fédéral des médias dangereux pour la jeunesse – est particulièrement demandé, par exemple via l'Internet, ajoute Kraus. Il vaut que la réception de Mein Kampf soit encadré par les historiens et les professeurs de politique."

 

Pour ces raisons, l’ouvrage serait enseigné uniquement dans les lycées à partir de l’âge de 16 ans, à travers des extraits choisis. De façon générale, son étude pourrait aider à comprendre et à prévenir la genèse des idéologies inhumaines véhiculant le discours de haine qui renaissent aujourd’hui dans un autre contexte et avec d’autres justifications.

 

Après sa tentative de coup d'Etat en Novembre 1923, Adolf Hitler a écrit Mein Kampf  lors de sa détention à la prison de  Landsberg. Dans ce document, il a présenté ses opinions et ses projets politiques, et notamment sa «théorie raciale».


Le premier tome a paru en 1925, le deuxième l’année suivante. Au début, le livre n’a pas été pris au sérieux par les partis démocratiques. Mais à l'automne 1944, son tirage a atteint 12,4 millions d'exemplaires en Allemagne. Après la guerre le gouvernement militaire a transféré les droits d'auteur à l'État libre de Bavière, ce qui empêchait  toute réédition ultérieure dire pendant les 70 ans suivant la mort du dictateur.


dimanche 13 décembre 2015

"Marre du rose": la nouvelle campagne contre les jouets sexistes


 
Cette année encore, sous le sapin, des millions d’enfants recevront des cadeaux au code couleur traditionnel : du bleu, du gris, ou du noir pour les garçons, du rose ou du violet pour les filles. Aux premiers, l'exploration, la découverte, l’invention, le combat, le danger, l’aventure, bref la transcendance si chère à Simone de Beauvoir. Aux deuxièmes, à travers un design « girly », l’immanence feutrée et répétitive des fées du logis : l'intérieur, le soin, la sécurité, le calme, le sentiment... Et comme le jeu présente un aspect important du développement psychologique et cognitif des enfants, c'est toute une construction sociale qui s'organise petit à petit autour de la hotte du Père Noël.

 

Ces rôles stéréotypés sont rarement à l’avantage des filles, invitées à s’occuper de la maison, à pouponner, à rêver au prince charmant et à se préparer à lui plaire en soignant leur apparence. Ils présentent également le danger d’hypersexualisation des fillettes, dénoncée par des campagnes contre la publicité sexiste et documentée dans un rapport du gouvernement de mars 2012.

 

Outre une séparation caricaturale des filles et des garçons, les catalogues de Noël témoignent de la diversité bien plus importante des activités proposées aux garçons et du choix de cantonner les filles à la sphère privée et aux apparences physiques. Les garçons disposent d’une gamme d’activités socialement valorisées à travers la science et la technique. La dévalorisation du féminin va très loin quand un objet est proposé avec des fonctions différentes pour les filles et les garçons : ordinateur blanc-gris au design sérieux pour les garçons qui propose 50 fonctions et sa version pour les filles rose au design ludique, proposant... 25 fonctions

 

Les jouets les plus franchement sexistes sont ceux dits d’imitation (des parents). Dans la partie « comme maman » : fer à repasser, robot ménager, kit de la caissière ; dans celle « comme papa » : table complète de bricolage, jeux de constructions… Ces jouets et la façon de les présenter limitent l’accomplissement des filles et les enferment dans des rôles stéréotypés, souvent dépassés dans la réalité par les évolutions de la société et un partage plus équitable des tâches.

 

Proposés dès le plus jeune âge, les jouets sexistes peuvent induire un conditionnement, qui n’est peut-être pas sans répercussion sur le choix ultérieur de l’orientation scolaire et des métiers. Placer l’enfant dans un contexte de la ségrégation sexiste bride son imaginaire, sa créativité et ses projections dans l’avenir. Dénoncée dans les années 1970, elle perdure, malgré les engagements internationaux, européens ou nationaux de lutte contre les stéréotypes de genre qui assignent filles et garçons à des rôles culturellement construits par la société. Le phénomène a même tendance eu à s’amplifier depuis les années 1990, avec la multiplication des cibles commerciales sous les contraintes du marché, notamment au travers les nouvelles gammes de jeux de construction spécial filles. Emissions télé, publicité, commerce, magazines pour les parents et nombre d’ouvrages pseudo psychologiques, tout conforte des clivages de genre, opposant de pseudo valeurs « féminines », par exemple la passivité, à des valeurs qui seraient intrinsèquement « masculines » comme l’agressivité et la conquête du monde. Or ce clivage soit disant naturel est démenti par des études récentes qui témoignent de la plasticité du cerveau humain.

 

Heureusement, de nombreux parents, associations, consommateur et consommatrices, excédés par le "marketing genré" commencent à prendre des initiatives. En France, le blog macholand.fr, qui propose aux internautes de signaler des faits sexistes, a épingle les hypermarchés Cora pour leur catalogue 2014 avec un message à leur envoyer : "J’ai rencontré hier une petite fille qui voulait jouer avec des robots et un petit garçon qui voulait jouer à la poupée. Si l’on en croit votre catalogue, ce n’est pas possible. Ma question est la suivante : ces enfants seraient-ils de dangereux déviants ou (autre hypothèse), votre catalogue ne serait-il plus tout à fait adapté au 21ème siècle et nécessiterait une petite mise à jour ? Merci de faire le nécessaire pour ouvrir le champ des possibles aux enfants et ne pas leur fermer des portes avant leur 10ème anniversaire !"

 

Cette année, les des associations féministes lancent une nouvelle campagne de sensibilisation aux stéréotypes sexistes véhiculés par les jouets, baptisée "Marre du rose". Des militantes d’"Osez le Féminisme" et des" Chiennes de garde" distribuent actuellement des tracts devant des magasins de jouets à Paris et dans plusieurs villes de France. Elles demandent notamment l'abandon par les magasins des rayons séparés filles/garçons et également du code couleur rose/bleu. Elles invitent aussi le grand public à interpeller l'industrie du jouet, en envoyant sur les comptes Facebook de grandes enseignes de distribution et de fabricants un message disponible sur leur site.

 


Parmi les jouets incriminés: la collection Lego Friends destinée aux fillettes, et le Monopoly décliné en rose, où les "banques et hôtels sont remplacés par des ongleries et des magasins de lingerie". "Nous nageons en pleine régression", accusent les militantes féministes. "Nombre de jouets en 1980 étaient unisexes" et "se passaient de frères à sœurs", rappellent les deux associations. "Pour doubler votre chiffre d'affaires, vous déclinez des jeux en rose et en bleu, enfermant filles et garçons dans des rôles totalement périmés". Cette régression à la fois sociologique et consumériste s’est exacerbée dans le contexte de la polémique sur "le genre" : certains vont jusqu’à déplorer l’effort fait par l’enseigne Super U de proposer en 2013 un catalogue de jouets moins sexiste, montrant des photos de garçons avec des dînettes et de filles avec des voitures...

 


Avec humour, les militantes d'"Osez le féminisme" ont aussi détourné la célèbre chanson "Libérée, délivrée", du film de Disney, "La Reine des neiges", en "Libérée... des clichés" : une autre façon de faire avancer le débat qui est loin d’être clos.