Au cours de l’émission
« Meet the Press », dimanche 22 janvier, sur NBC,
la conseillère de Donald Trump Kellyanne Conway a évoqué les « faits
alternatifs » pour qualifier les propos du porte-parole de la Maison
Blanche, Sean Spicer, défendant la veille une contre-vérité. Il prétendait que
la cérémonie d’investiture de Donald Trump, le 20 janvier, avait été « la plus grande en termes
d’audience ». Le porte-parole a également déclaré que « parfois
nous pouvons être en désaccord avec les faits ».
Plusieurs médias ont relevé que
le terme « faits alternatifs » était employé dans le roman de George
Orwell 1984, écrit en 1948. La référence
involontaire de Kellyanne Coway aurait même dopé les ventes aux Etats-Unis de
ce livre qui s’est retrouvé en tête des best-sellers sur Amazon. Selon un
porte-parole de l’éditeur, les ventes ont fortement augmenté depuis l’élection
de Donald Trump. Ailleurs dans le monde, les éditeurs d’Orwell constatent aussi
un regain d’intérêt semblable à celui qui avait eu lieu en 2013, après
les révélations du lanceur d’alerte américain Edward Snowden sur les programmes
de surveillance de masse d’Internet.
Ces révélations laissaient planer
l’ombre du Big Brother, incarnation du régime policier et
totalitaire, de la société de la surveillance, et de la réduction des libertés.
A la fois un roman d’anticipation, une dystopie et un conte philosophique, 1984
s'inspire d'un ouvrage de l'écrivain russe Ievgueni Zamiatine intitulé Nous
autres et paru en 1920. Le totalitarisme orwellien se réfère en premier
lieu au système soviétique, mais on peut aussi y voir des emprunts au nazisme,
au fascisme et au stalinisme.
Le personnage principal travaille
au ministère de
la Vérité, ou Miniver en novlangue. Winston Smith a pour mission de remanier les archives
historiques afin de faire correspondre le passé à la version officielle du
Parti, basée sur une sorte d’amnésie sélective. De cette façon, le Parti
pratique la désinformation et le lavage de cerveau pour asseoir sa domination.
Il fait aussi disparaître ou passer pour des traîtres, des espions ou des
saboteurs des personnes qui commettent « le crime-pensée ». Ces boucs
émissaires deviennent les cibles privilégiées des manifestations de haine
collectives : ainsi les « deux minutes de la haine » quotidiennes
visent le traître Emmauel Goldstein.
L’un des romans les plus
politiques d’Orwell, 1984 est une
mise en garde intemporelle contre les dangers de l’utopie et de la société
totalitaire, mais aussi contre les abus de l’autorité, la manipulation du
langage et de l’histoire. En 2005, le magazine Time l’a
d'ailleurs classé dans sa liste des 100 meilleurs romans et nouvelles de langue
anglaise de 1923 à nos jours.
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