lundi 28 mars 2016

Un hommage aux femmes engagées


 
 
Comme Moira Sauvage le montre dans son livre « Guerrières ! », il a toujours existé des femmes essayant de défendre leurs droits ou lutter pour une cause. Mais les guerrières n’ont pu échapper aux normes que grâce à la tolérance de société qui avaient besoin d’elles. Sauf quelques exceptions elles ont ensuite été oubliées par les auteurs de la « grande Histoire » consacrée aux rois et aux conquérants. Quant aux émeutières, aux révolutionnaires, aux militantes des droits des femmes, elles ont souvent été reléguées dans un oubli volontaire. « En s’opposant à l’ordre établi, en luttant pour changer la société, elles ne correspondaient pas à l’image que l’on voulait garder du sexe dit „faible” ».[1]

L’exposition « Grandes résistantes contemporaines » répare cette injustice. Réalisée par l’association « Femmes ici et ailleurs » en collaboration avec plusieurs photographes, elle est présentée à l’Hôtel de Ville de Paris jusqu’au 9 avril 2016. L’exposition montre le parcours d’une trentaine de femmes emblématiques pour qui lutter est devenu un mode de vie. Dotées d’une énergie et d’un courage hors du commun, ces avocates, enseignantes, philosophes, religieuses, ethnologues et femmes politiques s’engagent avec détermination pour les causes diverses : la justice sociale, la démocratie, l’égalité des sexes, la dénonciation du pouvoir totalitaire et dictatorial, le développement durable ou la paix dans le monde. Elles s’élèvent contre le mariage arrangé, la mort par lapidation et alertent l’opinion publique sur la faim, la misère, les épidémies. Bien souvent, il s’agit de plusieurs causes à l’origine d’un engagement tout au long d’une vie, en dépit des entraves et des persécutions, des insultes et des intimidations, des menaces ou des tortures. Ainsi, il est important de se rappeler que Germaine Tillion n’était pas seulement une grande résistante, mais a également publié en 1966 « Le harem et les cousins », ouvrage sur les fondements de la culture méditerranéenne et les mécanismes injustes et violents des systèmes familiaux et claniques envers les femmes. Quant à la Libérienne Leymah Gbowee, prix Nobel de la paix 2011, cette Lysistrata des temps modernes était à l’origine de la « grève de sexe » dans son pays pour protester contre la guerre civile. Une grève similaire organisée par un groupe de 90 femmes a eu lieu au Soudan en octobre 2014. Comme l’héroïne mythique d’Aristophane, ces femmes assez folles pour refaire le monde[2] ont tenté d'inverser les rôles dans la société qui proclame que la guerre est l'affaire des hommes et la maison, celle des femmes. Malgré la diversité de leurs combats et de leurs parcours, ces résistantes ont en commun le leitmotiv des Mères de la Place de Mai, à l’origine des nouveaux modes de la contestation populaire dans l’Argentine des années 70 et 80 : « La seule lutte perdue est celle que l’on abandonne ».




[1] Moïra Sauvage, Guerrières ! A la rencontre du sexe fort, Actes Sud, 2012,  p. 19.
[2] Cf. Madeleine Van Oyen. ARISTOPHANE conservateur, féministe et utopiste.R de réel. [En ligne]. 1er mars 2007 [consulté le 19 janvier 2015]. Disponible sur: http://rdereel.free.fr/volAQ2.html