samedi 7 novembre 2015

Manifesto Attitude : Edilivre en marge du prix Goncourt




Chacun a ses raisons d’écrire un manifeste. Pour la maison d’édition alternative Edilivre, il s’agit de revendiquer la démocratisation de l’édition. Tel est l’objet de leur Manifesto diffusé le  3 novembre lors d’une manifestation devant Drouant, le célèbre restaurant où délibère tous les ans l'Académie Goncourt. Sous les slogans aussi décalés qu’emblématiques  comme « Ouvrez les maisons closes », « J'ai le feu aux pages », « Écrire...et plus si affinités », Edilivre a profité de la couverture médiatique autour de la remise du prix Goncourt pour interpeller les journalistes de façon joyeuse et humoristique.

 

Sans remettre en question ou boycotter le prix en tant que tel, les auteurs militants ont présenté leur vision de la publication ouverte au plus grand nombre. Démocratiser l’accès à l’édition permettrait à leurs yeux de révéler plus de talents tout en échappant à la loi du formatage. Ce n’est pas par hasard que certains best-sellers, comme «Les Gens heureux lisent et boivent du café » d’Agnès Martin-Lugand, ont pu émerger et être plébiscités par le public hors des canaux de l’édition traditionnelle.

Pour simplifier le processus éditorial, il faudrait  faire évoluer les codes. Fidèles à Edilivre, ses auteurs défendent un modèle d’édition qui se situe à la frontière de l’autoédition et de l’édition traditionnelle : à la fois innovant grâce au numérique mais toujours accompagné par des équipes engagées et professionnelles. L’un des objectifs d’Edilivre et de défendre l’édition collaborative et communautaire. C’est dans cette optique que la maison a crée 27 Clubs Auteurs permettant aux auteurs d’une même région de s’entraider et de multiplier les opportunités pour promouvoir leur livre.


 
Voici, dans son intégralité, le manifeste de ces auteurs engagés.
 
"Démocratiser l’édition : c’est nécessaire et c’est maintenant ! Nous sommes des militants de la démocratisation de l’édition.
 
Pour révéler plus de talents et en démocratiser l’accès, il est urgent de défendre une nouvelle vision de l’édition.
 
OUVERT : Démocratiser l’édition, c’est avoir l’ouverture nécessaire pour permettre à chaque auteur de s’exprimer !
 
 Peu importe le sexe, la religion, la couleur de peau, l’origine sociale ou la musique que l’on écoute, nous sommes convaincus que chacun a son mot à dire, une histoire à raconter, une expérience à partager. Pour révéler plus de talents, il faut démocratiser l’accès à l’édition.
 
SIMPLIFIÉ : Démocratiser l’édition, c’est simplifier le processus pour faire vivre aux auteurs une expérience de publication intuitive, conviviale et libre !
 
 Un projet d’écriture doit pouvoir se réaliser le plus simplement possible et sans contraintes lourdes. Les moyens humains et techniques — avec le numérique — permettent aujourd’hui d’offrir aux auteurs une expérience de publication intuitive, conviviale et libre, depuis un clavier d’ordinateur ou une simple tablette, en parfaite autonomie et sans dénaturer le manuscrit soumis.
 
ACCESSIBLE : Démocratiser l’édition, c’est élargir l’accès, tout en maintenant un accompagnement éditorial de l’auteur par des professionnels impliqués !
 
 Les relations humaines nourrissent le processus de publication de l’ouvrage. La qualité des échanges avec des équipes engagées et professionnelles favorise l’accompagnement de l’auteur tout au long du processus et lui permet ainsi d’éditer son manuscrit dans les règles de l’art, aussi bien au format papier qu’au format numérique.
 
GÉNÉREUX : Démocratiser l’édition, c’est rémunérer généreusement chaque auteur !
 
 En tant qu’élément central de l’activité de l’éditeur, l’auteur doit faire l’objet d’une attention particulière, impliquant une rémunération généreuse en fonction de ses ventes, aussi bien au format papier qu’au format numérique.
 
AMBITIEUX : Démocratiser l’édition, c’est permettre aux auteurs d’être accessibles au plus grand nombre !
 
Publier est la mission première de l’éditeur mais son rôle est aussi de redoubler d’efforts pour le référencement et la promotion de son catalogue."
 

lundi 2 novembre 2015

Raif Badawi, Prix Sakharov 2015




Le 29 octobre, le Parlement Européen de Strasbourg a décerné son prix Sakharov 2015 pour la liberté d’expression au blogueur saoudien Raif Badawi. Emprisonné depuis 2012 dans son pays pour « insulte » à l'islam, il a été condamné à 10 ans de prison et 1 000 coups de fouet, à raison de 50 par semaine. Le jeune homme de 31 ans n'a pour l'instant été flagellé qu'une seule fois, en public, en janvier dernier.

 

Après avoir annoncé le nom du lauréat 2015, le président du Parlement européen, Martin Schulz, a appelé le roi d'Arabie saoudite, Salman, à le libérer « immédiatement »  pour qu’il retrouve sa famille et lui donner la possibilité de recevoir ce prix à Strasbourg pendant la session de décembre. Selon Martin Schulz,  Raif Badawi, est devenu certainement, pour beaucoup de gens, un symbole dans notre monde numérique dans lequel il se bat. L'annonce a été accueillie par une ovation de l'Assemblée.

 

Né en 1984, l’animateur du site internet Liberal Saudi Network est aussi lauréat 2014 du prix Reporters sans frontières-TV5 pour la liberté de la presse. Il avait été arrêté le 17 juin 2012 pour des articles publiés sur son site Liberal Saudi Network, un « réseau de discussions en ligne dont l’objectif est d’encourager les débats politiques, religieux et sociaux ». Ses écrits, notamment un sur la police religieuse, la « muttawa », ont irrité le régime. Plusieurs manifestations pour exiger sa libération se sont tenues au Québec, ainsi qu'en Europe. Amnesty International s'est aussi impliquée dans ce dossier.

 

Le prix Sakharov pour la liberté de l'esprit, est une récompense prestigieuse. Portant le nom du scientifique et dissident soviétique Andrei Sakharov, il fut créé en 1988 par le Parlement européen pour honorer les personnes ou les organisations qui ont consacré leur existence à la défense des droits de l'homme et des libertés fondamentales.

 

Les candidats au prix Sakharov sont nommés par les membres du Parlement européen. Ensuite, les nominations sont évaluées lors d'une réunion de la commission des affaires étrangères et de la commission du développement. Au mois d'octobre, après le vote final de la Conférence des présidents, le lauréat est annoncé. Le prix Sakharov, doté de 50 000 euros, est remis par le président du Parlement européen en session plénière à Strasbourg. Parmi les lauréats précédents figurent l'ex-président sud-africain Nelson Mandela, la dissidente birmane Aung San Suu Kyi et la jeune Pakistanaise Malala Yousafzai.

 
 

Le nouveau lauréat succède au médecin congolais Denis Mukwege. Raif Badawi a été choisi par les chefs de file des groupes politiques représentés au Parlement de Strasbourg, parmi deux autres nominés : une coalition d'opposants vénézuéliens et – à titre posthume - l'opposant russe Boris Nemtsov, assassiné à Moscou cette année.

 

Ensaf Haidar, l'épouse du jeune blogueur, a fui au Canada avec leurs trois enfants après avoir reçu des menaces de mort. Elle mène une campagne active pour obtenir la libération de son mari. Ses demandes au roi, comme celles de l'Union européenne, de l'ONU et des Etats-Unis, sont pour l'instant restées lettre morte. La condamnation de Raif Badawi a été confirmée par la Cour suprême saoudienne en juin 2015. Et selon son épouse, le blogueur pourrait subir une nouvelle séance de sévices corporels tout prochainement.

 

Si l’attribution du prix Sakharov fait l’unanimité partout dans le monde, elle pourrait provoquer la colère des autorités saoudiennes. En juin dernier, Riyad a fait savoir qu’il n’accepterait aucune « ingérence étrangère » dans « ses affaires internes ».

Pour soutenir Raif:

https://www.facebook.com/free.badawi