jeudi 16 octobre 2014

L'art de la désobéissance



Ouverte depuis fin juillet au Victoria and Albert Museum de Londres, l’exposition Objets désobéissants se veut la première exposition à mettre en lumière le rôle des objets dans les mouvements de contestation mondiaux. Les commissaires d’exposition Catherine Flood et Gavin Grindon ont rassemblé des créations de designers-activistes des quatre coins de la planète, dressant un historique de ces 30 dernières années, entre les avancées technologiques et les défis politiques.  L’exposition montre que plusieurs droits et libertés acquis aujourd’hui ont été gagnés grâce à la désobéissance.
 


Les objets présentés peuvent être classés en trois catégories : les objets du quotidien détournés de leur usage premier (bouteilles en plastique transformées en masques à gaz, roues de vélos récupérées pour créer un char...), ceux qui font appel aux arts appliqués traditionnels (comme les pancartes aux messages peints à la main) et ceux qui utilisent les nouvelles technologies et le hacking (drones, robots). Le musée célèbre l’inventivité des activistes, qui conçoivent avec peu de moyens des objets ingénieux, souvent efficaces sur le plan communicationnel.

 
La sélection rassemble au total une centaine d’objets, plus ou moins connus : les iconiques masques de gorille des féministes du monde de l’art Guerilla Girls, les billets de banque détournés du mouvement Ocupy Wall Street aux Etats-Unis, les boucliers imitant des jaquettes de livres des étudiants italiens, les badges et tee shirts noirs à triangle rose d’Act Up (Silence=Death), ou les badges antiracistes distribués pendant l’Apartheid en Afrique du Sud. Figurent aussi nombre de bannières, notamment celles de l’historique Peace camp de Greenham au Royaume-Uni en 1981, celles des manifestations de Moscou en 2012 pour les droits homosexuels, ou encore celles des récentes marches antinucléaires au Japon.

 
L’exposition présente également quelques  exemples d’arpilleras, des courtepointes (quilts en anglais) brodés par des femmes chiliennes pour dénoncer les injustices du régime Pinochet, avec ses exécutions et ses disparitions.  Au premier regard, ces œuvres « naïves » et colorées  semblent évoquer les souvenirs de vacances. Il faut y regarder de plus près pour découvrir les côtés sombres de la vie chilienne après le coup d’Etat de 1973 : l’aspect sanglant du régime, mais aussi les privations et les humiliations quotidiennes. Privées du droit de manifester, ces femmes chiliennes deviennent ainsi l’incarnation de la résistance au gouvernement militaire.

 
Une arpillera chilienne


Pour voir d'autres arpilleras

 

 

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