Comme Moira Sauvage le montre dans son livre
« Guerrières ! », il a toujours existé des femmes essayant de
défendre leurs droits ou lutter pour une cause. Mais les guerrières n’ont pu
échapper aux normes que grâce à la tolérance de société qui avaient besoin
d’elles. Sauf quelques exceptions elles ont ensuite été oubliées par les
auteurs de la « grande Histoire » consacrée aux rois et aux
conquérants. Quant aux émeutières, aux révolutionnaires, aux militantes des
droits des femmes, elles ont souvent été reléguées dans un oubli volontaire.
« En s’opposant à l’ordre établi, en luttant pour changer la société,
elles ne correspondaient pas à l’image que l’on voulait garder du sexe dit „faible” ».[1]
L’exposition « Grandes résistantes contemporaines » répare cette injustice. Réalisée par l’association
« Femmes ici et ailleurs » en collaboration avec plusieurs
photographes, elle est présentée à l’Hôtel de Ville de Paris jusqu’au 9 avril 2016. L’exposition montre le parcours d’une trentaine de femmes emblématiques
pour qui lutter est devenu un mode de vie. Dotées d’une énergie et d’un courage
hors du commun, ces avocates, enseignantes, philosophes, religieuses,
ethnologues et femmes politiques s’engagent avec détermination pour les causes
diverses : la justice sociale, la démocratie, l’égalité des sexes, la
dénonciation du pouvoir totalitaire et dictatorial, le développement durable ou
la paix dans le monde. Elles s’élèvent contre le mariage arrangé, la mort par
lapidation et alertent l’opinion publique sur la faim, la misère, les
épidémies. Bien souvent, il s’agit de plusieurs causes à l’origine d’un
engagement tout au long d’une vie, en dépit des entraves et des persécutions,
des insultes et des intimidations, des menaces ou des tortures. Ainsi, il est
important de se rappeler que Germaine Tillion n’était pas seulement une grande
résistante, mais a également publié en 1966 « Le harem et les
cousins », ouvrage sur les fondements de la culture méditerranéenne et les
mécanismes injustes et violents des systèmes familiaux et claniques envers les
femmes. Quant à la Libérienne Leymah Gbowee, prix Nobel de la paix 2011, cette
Lysistrata des temps modernes était à l’origine de la « grève de
sexe » dans son pays pour protester contre la guerre civile. Une grève
similaire organisée par un groupe de 90 femmes a eu lieu au Soudan en octobre
2014. Comme l’héroïne mythique d’Aristophane, ces femmes assez folles pour
refaire le monde[2] ont tenté d'inverser les
rôles dans la société qui proclame que la guerre est l'affaire des hommes
et la maison, celle des femmes. Malgré la diversité de leurs combats et de
leurs parcours, ces résistantes ont en commun le leitmotiv des Mères de la
Place de Mai, à l’origine des nouveaux modes de la contestation populaire dans
l’Argentine des années 70 et 80 : « La seule lutte perdue est celle
que l’on abandonne ».
[1] Moïra Sauvage, Guerrières ! A la rencontre du sexe
fort, Actes Sud, 2012, p. 19.
[2] Cf. Madeleine Van Oyen. ARISTOPHANE conservateur, féministe et
utopiste.R de réel. [En ligne]. 1er mars 2007 [consulté le 19 janvier
2015]. Disponible sur: http://rdereel.free.fr/volAQ2.html
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire