Le 29 octobre, le Parlement Européen
de Strasbourg a décerné son prix Sakharov 2015 pour la liberté d’expression au
blogueur saoudien Raif Badawi. Emprisonné depuis 2012 dans son pays pour
« insulte » à l'islam, il a été condamné à 10 ans de prison et
1 000 coups de fouet, à raison de 50 par semaine. Le jeune homme de 31 ans
n'a pour l'instant été flagellé qu'une seule fois, en public, en janvier
dernier.
Après avoir annoncé le nom du
lauréat 2015, le président du Parlement européen, Martin Schulz, a appelé le
roi d'Arabie saoudite, Salman, à le libérer « immédiatement » pour qu’il retrouve sa famille et lui donner
la possibilité de recevoir ce prix à Strasbourg pendant la session de
décembre. Selon Martin Schulz, Raif
Badawi, est devenu certainement, pour beaucoup de gens, un symbole dans notre
monde numérique dans lequel il se bat. L'annonce a été accueillie par une
ovation de l'Assemblée.
Né en 1984, l’animateur du site internet
Liberal Saudi Network est aussi lauréat 2014 du prix Reporters sans frontières-TV5 pour la
liberté de la presse. Il avait été arrêté le 17 juin 2012 pour des
articles publiés sur son site Liberal Saudi Network, un « réseau de discussions
en ligne dont l’objectif est d’encourager les débats politiques, religieux et
sociaux ». Ses écrits, notamment un sur la police religieuse, la
« muttawa », ont irrité le régime. Plusieurs manifestations pour
exiger sa libération se sont tenues au Québec, ainsi qu'en Europe. Amnesty
International s'est aussi impliquée dans ce dossier.
Le prix Sakharov pour la liberté de l'esprit, est une
récompense prestigieuse. Portant le nom du scientifique et dissident soviétique
Andrei
Sakharov, il fut créé en 1988 par le Parlement européen pour honorer les
personnes ou les organisations qui ont consacré leur existence à la défense des
droits de l'homme et des libertés fondamentales.
Les candidats au prix Sakharov sont nommés par les membres du
Parlement européen. Ensuite, les nominations sont évaluées lors d'une réunion
de la commission des affaires étrangères et de la commission du développement.
Au mois d'octobre, après le vote final de la Conférence des présidents, le
lauréat est annoncé. Le prix Sakharov, doté de 50 000 euros, est remis par
le président du Parlement européen en session plénière à Strasbourg. Parmi les lauréats précédents
figurent l'ex-président sud-africain Nelson Mandela, la dissidente birmane Aung
San Suu Kyi et la jeune Pakistanaise Malala Yousafzai.
Le nouveau lauréat succède au
médecin congolais Denis Mukwege. Raif Badawi a été choisi par les chefs de file
des groupes politiques représentés au Parlement de Strasbourg, parmi deux
autres nominés : une coalition d'opposants vénézuéliens et – à titre
posthume - l'opposant russe Boris Nemtsov, assassiné à Moscou cette année.
Ensaf Haidar, l'épouse du jeune blogueur, a fui au Canada avec leurs trois enfants après avoir reçu des
menaces de mort. Elle mène une campagne active pour obtenir la libération de
son mari. Ses demandes au roi, comme celles de l'Union européenne, de l'ONU et
des Etats-Unis, sont pour l'instant restées lettre morte. La condamnation de
Raif Badawi a été confirmée par la Cour suprême saoudienne en juin 2015. Et
selon son épouse, le blogueur pourrait subir une nouvelle séance de sévices
corporels tout prochainement.
Si l’attribution du prix Sakharov fait l’unanimité partout
dans le monde, elle pourrait provoquer la colère des autorités saoudiennes. En
juin dernier, Riyad a fait savoir qu’il n’accepterait aucune « ingérence
étrangère » dans « ses affaires internes ».
Pour soutenir Raif:
https://www.facebook.com/free.badawi
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